Vigier Arpege III
Une histoire longue de plus de 10 ans…
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Niveau de plaisir
Balance micros (status) au centre / Mode passive
Épisode 0, l’origine
– Corps en érable et aulne
– Table en érable flammé (d’après mes recherches, très probablement la seule, ou une des rares Arpége III qui ait été produite dans cette finition).
– Manche traversant 90/10 (90% de bois, 10% de carbone). Barre de 10 mm de carbone qui permet de rigidifier le manche, et d’avoir une meilleure stabilité dans le temps dixit Patrice Vigier.
– Fret zéro
– Chevalet KAHLER
– Touche Phenowood (cellulose imprégnée de résine phénolique. Matériau proche du bois mais n’ayant pas la même sensibilité aux conditions climatiques et à l’humidité. Sa surface très dure, c’est là aussi d’après Vigier un avantage pour l’alignement des frettes et leur maintien.)
– N° série : 382. Elle est sortie de l’atelier le 25/11/98 (gravée 16/12/97 sous le micro chevalet, date de la fabrication du corps j’imagine…) . A noter qu’il n’y a eu que deux Vigier Arpége de produites cette année là.
– Deux micros simples Benedetti
– Préamp alimenté en 18V. La spécificité des Arpège III c’est leur système de 12 mémoires d’égualisation qu’on sélectionne à l’aide d’un des potards (six crans) et du switch (pour avoir 6 + 6 sons)
– Réglage de tonalité actif uniquement sur le micro chevalet.
– Potard push/pull pour passer les micros en opposition de phase.
Épisode I, la naissance d’un rêve
J’ai acheté la première fois cette basse courant 2005 quand j’habitais encore Paris, à Julien « Pendule » Grunberg. Julien a été le bassiste du groupe Watcha de 1997 à 2006. On peut encore trouver des photos de lui sur le net jouant sur des basses Vigier. Il faisait parti des artistes « officiels » de chez Vigier et disposait d’un stock conséquent de matos de la marque.
Il préférait, de ce qu’il m’avait dit, l’électronique du modèle Passion et m’a donc vendu cette Arpège une misère alors qu’elle n’avait pour ainsi dire jamais servie.
A cette époque je n’avais que quelques années de basse et n’avais eu en main qu’une Cort Artisan A4, puis une Jazz Bass Deluxe US.
Malgré tout et comme Julien, j’ai vite trouvé que l’électronique de cette basse était mal pensée, surtout en condition live. Le système des 12 presets était très innovant mais pas du tout pratique. J’étais également moyennement emballé par les micros.
Je me suis donc assez vite lancé dans le projet d’upgrader cette basse en commençant par le plus simple, les micros.
Exit donc les simples bobinages Benedetti pour installer fin 2006 des doubles bobinages Crel DB42 avec un cache sur mesure en Wengué. CREL est une marque Française qui fabrique ses micros à la main. Le boss c’est Pascal Sansous, il est dans le sud près de Pau je crois.
Faute de trèsorerie et d’idée pour aller au bout du projet, au delà du changement des micros, je n’avais à l’époque pas touché à l’électronique mais simplement fait schinté le système des presets et l’opposition de phase au profit d’un push pull pour passer les micros soit en simple soit en double bobinage.
Épisode II, la menace du GAS
La suite, c’est la vie, un déménagement à 400km de Paris, plusieurs groupes, de plus en plus de concerts et le GAS qui me pousse à vendre la Vigier dont l’électronique me déplaisait toujours surtout en live, au profit d’une superbe Stingray Trans White de 92, pour le coup très plug and play. On est alors en 2008 ou 2009. Presque 4 ans de vie commune donc avec la Vigier, puis voilà on passe à autre chose.
S’en suivent plus de 10 ans, et autant de basses différentes histoire d’assouvir ma curiosité (MusicMan (X2), Status, Fender (X2), Warmoth, G&L (X2), Kramer, C. Huort, Warwick…).
Épisode III, le retour de la force
J’ai rarement regretté la vente de mon ancien matériel à l’exception de cette Vigier et de la Stingray Transwhite dans une moindre mesure. Il y a quelques semaines, juste avant noël (2019), je fais ce que je n’avais pas fait depuis quelque temps, le tour des forums à regarder ce qui se vend en Vigier. Je ne trouve pas grand chose à vendre hormis une belle Excess Indus, une passion dernière génération qui ne m’attire pas du tout avec son vernis bling bling et deux trois Passion des 90’s plus en mauvais état et hors de prix.
Je me dis à ce moment là que j’aimerais bien rejouer sur Vigier, l’Arpège me manque et maintenant je saurais apprécier à plus juste mesure la bête, etc, etc.
Puis, chose que je ne fais jamais, je regarde les basses à vendre sur Leboncoin et tape Vigier Arpège dans le moteur de recherche….
Pam !!! le choc, mon coeur se serre, une Vigier Arpège III table érable…. c’est pas possible. J’en ai jamais vu d’autre à part la mienne il y’a 10 ans. Je suis en apnée, clic 3 fois sur le titre, ouvre grand les yeux et hurle « putain c’est la mienne ». Avec ses caches micros en Wengue impossible de se tromper. Ni une ni deux j’appelle le vendeur, fais péter le livret A avant même de revendre ma basse du moment et compte les heures en attendant que le livreur de Chronopost sonne à ma porte, 10 ans après, avec sous le bras la basse qui m’a réellement fait vibrer pour la première fois.
Elle est dans le même état que quand je l’ai vendue avec ses quelques mini poc que j’avais fait moi, mais rien depuis, et, là aussi c’est un signe du destin, le dernier proprio a fait tomber l’électronique pour passer la basse en full passive. Quand je vous disais que l’électronique était à chi**.
En 10 ans elle est passée entre plusieurs mains mais personne n’a osé finir la transformation et tant mieux pour moi.
Ce qui est bon avec l’expérience et les années qui passent c’est qu’on sait davantage ce que l’on veux, le son qu’on aime et qu’on connait plus de choses et surtout plus de gens…
Cette basse c’est… une lutherie de haut vol, un confort extrême, une histoire et des moments de vie en groupe avec elle qui fait que je la kiffe rien qu’en la regardant… mais d’origine une nature timide avec des micros pas vraiment à la hauteur et surtout une électronique horrible.
Après mettre occupé des micros y a plus de 10 ans, il était temps de s’occuper sérieusement du changement de l’électronique.
J’ai la chance d’habiter pas loin du luthier Christophe Huort, dont j’ai eu une des basses et qui est clairement un monstre de savoir et de technique. Depuis que je suis dans la région c’est « mon » luthier et je ne changerai pour aucun autre.
Un petit coup de fil, une visite à son atelier et quelques discussions plus tard on se met d’accord pour installer dans le coeur de la bête son préampli SR-X3.
3 pour trois bandes histoire de pouvoir agir spécifiquement sur les medium.
A la base j’étais plutôt parti sur l’idée d’un deux bandes, histoire de pas refaire de cette basse un engin difficile à gérer. Puis en discutant Stingray versus Sterling, plus le fait que cette basse est naturellement très riche en bas medium à cause de la disposition des micros, j’ai finalement opté pour le trois bandes, pour mon plus grand plaisir.
Après quelques semaines d’attente, le temps pour Christophe de fabriquer le préamp, de l’installer et voilà cette Vigier Arpège unique qui commence une deuxième vie optimisée (pour moi) comme jamais. Ce nouveau preamp m’a également permis de réaliser que la Vigier manquait cruellement de beaux aigus pour ce que je voulais en faire.
Je pensais jouer énormément avec le medium, mais la course des aigus et juste magique 😀
J’oubliais, j’ai donc maintenant un blend micros, un double potard basse/aigus, un treble, un switch actif/passif et un vol général.
J’en ai profité pour optimiser la hauteur des micros, le micro manche beaucoup trop bas déséquilibrait le son et me procurait des basses baveuses hyper chiantes à corriger. On répétera jamais assez l’importance et l’impacte de ce réglage sur le son…
Conclusion : clairement elle sonnera jamais aussi salement que ma G&L ou comme mon ancienne Stingray, c’est pas une basse de gangster, la lutherie est tellement nickel qu’il n’y a aucun souffle, pas de corde qui frizz, pas de déséquilibre du son… tout ce qui fait parfois d’une basse, la basse rock idéale. Mais avec ces modifs et malgré (ou à cause de) son ADN très chirurgicale j’ai enfin réussi à coup de fines modifications en faire une basse rock capable de grogner comme j’aime.
Testée encore hier soir, combinée avec ma rustybox je sonnais vraiment pas loin de Tim Commerford dans le premier album des RATM, c’est juste génial…
Croyez moi, elle n’est pas prête de rebouger de chez moi…
Épisode IV, god save the queen
Exit les CREL en avril 2020 au profit d’une paire de Status Made In England. Les pavés Status sont un peu plus petits mais faut avoir le nez dessus pour le voir. Résultat un équilibre sonore bien meilleur et encore un peu moins de ces basses très lourdes et profondes si caractéristiques et parfois envahissantes sur cetteVigier.